30/01/2025, 09:30

L'horloge depuis longtemps oubliée de grand-père, les couverts en argent hérités de grand-mère ou le tableau qui décore le mur du salon depuis des années : derrière certains objets hérités se cache un véritable trésor. Comment savoir si vous possédez une œuvre d'art précieuse ou simplement un bibelot ? L'expert Adrien Denoyelle nous explique.

« Prenez le temps de bien observer », conseille Adrien Denoyelle. Élevé dans une famille d'antiquaires, cet autodidacte originaire de France a grandi avec une passion pour les objets d'art. Son père est un antiquaire et expert en mobilier du XVIIIe siècle, actif dans le monde de l'art depuis plus de 45 ans, et un grand collectionneur.

Le fils, pour sa part, s'est spécialisé dans l'évaluation d'œuvres d'art et de meubles des XVIIIe, XIXe et XXe siècles après avoir travaillé dans plusieurs galeries. En tant qu'expert en art assermenté et membre de la « Chambre des Experts » au Luxembourg, Denoyelle reçoit fréquemment des objets provenant de successions privées pour des évaluations et des ventes. À plusieurs reprises, il a découvert de véritables trésors, comme il le raconte lors d'une visite de la revue dans son atelier à Stadtbredimus.

Parmi ses activités, l'une de ses spécialités est la gestion complète des successions privées. Lui et son équipe de « Lux Auction Luxembourg » ont déjà vécu de nombreuses surprises, comme le cas d'un homme qui a apporté par hasard l'horloge de son grand-père pour une expertise. Un expert parisien spécialisé dans les horloges a estimé l'objet à 80 000 à 90 000 euros. L'horloge, fabriquée en 1946 et achetée en 1947, avec un grand cadran et des aiguilles en or 18 carats, a été vendue lors d'une enchère pour 250 000 euros. Elle a été achetée par le musée Patek Philippe de Genève.

L'expert lui-même

Ces cas particuliers montrent de manière impressionnante qu'il vaut la peine de regarder de plus près chez soi. L'auteur de ces lignes a également trouvé, en fouillant, un tableau que son beau-père avait rapporté de ses vacances en France. Représentatif de nombreux objets similaires présents dans les foyers luxembourgeois, cette œuvre servira d'exemple pour que Denoyelle montre comment un amateur peut se faire une première idée de la valeur d'une œuvre d'art.

Concernant le tableau, l'expert conseille d'abord de vérifier la technique employée. L'utilisation de peintures à l'huile est un premier indice de valeur. En revanche, les lithographies sont souvent des impressions moins précieuses. « Ici, les peintures à l'huile m'impressionnent. Elles sont sur toile, fixées sur un cadre en bois massif avec des clous. D'après moi, il s'agit d'un tableau original », conclut-il. Ensuite, l'expert cherche une signature. Heureusement, elle est bien visible, bien que l'artiste semble moins connu.

Pour en savoir plus sur les œuvres d'art et leurs créateurs, les professionnels utilisent des bases de données spécialisées, uniquement accessibles aux experts. « Nous consultons des bases de données qui sont mondialement connectées et réservées aux spécialistes. Elles nous fournissent des informations sur des œuvres particulières, la popularité des artistes et les ventes d'objets d'auteurs spécifiques dans d'autres pays. Chaque maison de vente aux enchères dans le monde est tenue d'enregistrer la vente d'une œuvre avec tous ses détails dans ces bases de données », explique l'expert.

« Nous travaillons comme des détectives », ajoute Adrien Denoyelle. Une fois les informations sur le style, le sujet et la réputation générale de l'artiste collectées, les experts fixent une fourchette de prix. Dans ce cas, elle se situe entre 200 et 400 euros, car l'artiste n'est pas un maître reconnu.

Le diable se cache dans les détails

Beaucoup de gens ont de l'argenterie héritée qui traîne à la maison, explique l'expert, tout en examinant une fourchette de plus près. La plupart pensent qu'il s'agit de véritable argent, mais ce n'est que rarement le cas. « Pour savoir si c'est du vrai argent, il suffit de regarder le poinçon sur chaque pièce, la tête de la déesse Minerve. Si le poinçon est absent et qu'un numéro est imprimé à la place, cela signifie qu'il s'agit de métal allié ou argenté », précise l'expert.

Pour examiner les détails, il est important de prendre son temps si l'on souhaite savoir si un objet est une véritable rareté. Comme exemple, Denoyelle montre deux candélabres de sa collection personnelle. Ils sont lourds, finement travaillés et brillent en or. « Ces candélabres ont 200 ans. Nous voyons que le métal fondu a été coulé dans un moule, puis retravaillé à la main après refroidissement. » L'indice de l'artisanat réside aussi dans la représentation détaillée des visages. Plus la réalisation est fine, mieux c'est, dit-il, en dévissant le support supérieur de l'un des candélabres.

Un piège à poussière supposé

L'expert prend aussi en charge les successions, y compris l'évaluation de chaque objet. Lors d'un tel vide-grenier, un employé a découvert une sculpture en métal cachée dans un coin de la maison. Comme l'héritière ne souhaitait pas conserver l'objet, la sculpture, d'une hauteur d'environ 1,50 m, a été transportée au siège de l'entreprise pour être examinée de plus près. « Nous avons découvert que la sculpture était signée Bernar Venet et avons eu une grande surprise. » Le sculpteur français est bien connu, notamment au Luxembourg, surtout pour sa sculpture monumentale « Arc Majeur » située le long de l'autoroute E411 en Belgique.

Rencontres d'experts et de collectionneurs

Les amateurs d'art et d'antiquités trouveront leur bonheur à la « Antiques & Art Fair » à la Luxexpo. Du 29 janvier au 2 février, environ 100 exposants professionnels de sept pays participeront à l'édition anniversaire du salon. Tous les objets exposés sont vérifiés pour leur authenticité par un jury externe. « Au Luxembourg, nous attachons une grande importance à la protection des acheteurs potentiels contre les contrefaçons », souligne l'expert. En effet, les amateurs d'art se laissent moins guider par le prix que par leur relation avec l'œuvre. D'où l'importance de leur offrir des objets authentiques.

Vous avez trouvé un trésor ? Ceux qui possèdent des objets spéciaux à la maison et souhaitent les faire estimer peuvent obtenir des conseils au salon professionnel dans le hall 2 de la Luxexpo. « Il suffit d'apporter une photo de l'objet ou l'œuvre elle-même », explique Adrien Denoyelle. Toutes les informations sur l'« Antiques & Art Fair » sont disponibles sur thebox.lu